Blida, un jour de Ramadhan
De l’attente interminable pour entrer au stade, au ftour en communion avec 30.000 personnes, de l’angoisse du match avant la délivrance de Saïfi et le calvaire des dernières minutes, revivez à travers le témoignage d’un supporter la rencontre, en « direct des tribunes du stade Mustapha Tchaker ». Il y avait grand monde à Blida, et c'est en voulant gérer cette immense foule qui commençait à s'amasser devant les portes du stade à partir de 13h, que les services de sécurité ouvrirent la tribune couverte à quelque quatre heures de l'heure d'El Iftar. Une heure après, les grandes portes sous les gradins s'ouvrirent, elles aussi, il etait 16h et il faisait très chaud à l'intérieur du stade Tchaker. A l'entrée
extérieure du stade, les bouteilles en plastique n'étaient pas
tolérées, mais on pouvait s'armer de pain, de casse-croutes, de chorba
en sachet (Oui j'en ai vu ! ), mais c'est le Bourek qui fut la star des
nourritures à Tchaker. Je fus débarrassé de mes deux bouteilles d'eau
minérale par deux policiers à l'entrée, qui m'expliquèrent
courtoisement (Pour une fois...) que l'eau était disponible à
l'intérieur du stade. Après cela, je subis une fouille très légère par
un policier presque endormi mais ayant le sourire aux lèvres, c'etait
sûrement l'effet ramadhan, une heure et demi avant el Maghreb. Mes deux amis et moi même commençions, d'abord, par éviter la grande tribune, connue pour être le repère des plus violents, nous nous mîmes dans l'axe, derrière les bois zambiens (première mi-temps), pour une meilleure vision du terrain et du jeu tactique des deux équipes. A l'heure d'Al Adhan, un magnifique spectacle s'offrait à nous, plus de 30.000 supporters mangeaient ensemble, partageaient du pain, du fromage, de l'eau et les Saha ftourak fusaient de partout, sur ces mêmes gradins qui allaient connaitre la joie au sifflet final. Après l'Iftar quelques gamins (il y avait des gosses de moins de 16 ans ) provoquèrent quelques rixes vite étouffées par les supporters, la police n'avait même pas à intervenir. Il ne restait plus que deux heures avant le début du match, les supporters commencèrent à offrir l'un des plus beaux spectacles à voir avec la fameuse ola, les chants, et le bien célèbre tableau des drapeaux algériens déployés au dessus des supporters pour tapisser les gradins de vert, de blanc et de rouge.
Peu avant 21h, c'est le bus des Zambiens qui arriva le premier. Les supporters, bien réveillés, mirent une grosse pression sur les joueurs qui foulèrent la pelouse, dans un total fair-play. Il fallait attendre quelques minutes encore pour voir le bus des Verts arriver. A leur entrée sur le terrain, le stade s'enflamma, les supporters réservèrent une folle ovation à leurs héros et chantèrent d'une seule voix ''One two three viva l'Algérie''. A l'échauffement le public, étonné, s'aperçut que Ghezzal n'allait pas débuter, les supporters préfèrant largement Saifi en Joker et pourtant la suite, tout le monde la connait... L'hymne zambien ne fut pas vraiment sifflé, il fut même applaudi à la fin, le public algérien deviendrait-il Fair-Play? Au
moment de l'hymne algérien, le public était debout, caché par les
drapeaux algériens levés au ciel par les bras de ceux qui chantèrent
d’une seule voix le magnifique Kessamen, dans un moment terriblement
euphorisant, je me sentais emporté par la voix du public, au bord des
larmes, et à ce moment fort, il fallait crier fort pour faire entendre
sa voix et dire sa fierté d'être algérien, Ana Djazairi! A la mi-temps, chacun allait de son commentaire, la majorité du public à mes côtés demandait l'entrée de Ghezzal, d'autres voyaient en Meghni le sauveur, certains critiquèrent Saifi ou Saadane, à vrai dire ce n'était pas du tout la bonne ambiance d'avant-match. D'ailleurs, au début de la seconde mi-temps, le changement tactique de Saadane provoqua un flottement au niveau de la défense et le courroux du public. Heureusement, les quelques gestes techniques de Meghni et Ziani le rassurèrent par moments. Mais c'est à la 59eme minute que l'euphorie générale gagna le public, c'est Saifi qui nous délivra, il faut dire qu'on avait eu un moment d'hésitation juste après le but, la peur du but refusé ! J'ai sauté sur un supporter au moment de cette folie, il n'était pas un étranger pour moi, c'était mon frère de sang... Le
public scanda des slogans contre les égyptiens, resta debout pendant un
long moment, mais il fallait se calmer, car la Zambie restait
dangereuse malgré des occasions de buts ratés de notre côté. Fayçal O |